
English follows.
Alors, est-ce que vos textes parlent encore des Canadiens, des consommateurs et des clients seulement, sans mentionner les Canadiennes, les consommatrices et les clientes? Vous ne vous adressez qu’à la moitié de la population!
Dans les textes rédigés en français, il est de plus en plus fréquent d’utiliser une approche inclusive, mais en traduction, beaucoup privilégient encore l’emploi du masculin comme neutre. Sauf que le masculin n’est pas neutre…
Comme l’a si bien dit Henriette Zoughebi :
Qu’y a-t-il de plus fort comme expression de la domination masculine que le simple énoncé d’une règle de grammaire qui dit : le masculin l’emporte sur le féminin, point.*
Michaël Lessard parle d’un « plafond de verre linguistique ».** Et ce plafond-là, il est aussi temps de le fracasser.

Dans mes traductions égalitaires, j’évite les procédés typographiques (parenthèses, point médian et autres), qui rendent la lecture difficile et qui perpétuent la dominance du masculin parce que le masculin reste ce qui est le plus visible : le féminin, lui, n’est qu’un fragment, comme si les femmes ne pouvaient pas être complètes et entières sans un homme à leur côté.
Alors, comment traduire ou écrire pour assurer la même visibilité aux femmes et aux hommes, voire inclure les personnes non binaires? J’utilise essentiellement trois procédés, que je combine selon les besoins de ma clientèle et la nature du texte : les doublets, les formulations neutres et l’alternance des genres (voir la fiche Pour des textes égalitaires). À l’occasion, je recours même à des innovations comme le pronom iel (combinaison de il et elle qui correspond au « they » singulier de l’anglais).
Bien sûr, en tant que langagière, je ne perds pas de vue l’usage officiel, celui qui est consigné dans les dictionnaires ou recommandé par des institutions comme l’Office québécois de la langue française. Toutefois, pour rendre pleinement compte de la vision et des valeurs d’une cliente ou d’un client, je n’hésite pas à faire quelques entraves à l’usage, dans la mesure où cela ne nuit pas à la lisibilité du texte. Si l’inclusion est une valeur importante pour vous, il serait bon de discuter avec votre traductrice ou votre traducteur des moyens de le refléter dans vos textes.

Gender and Translation
[NOTA : Although the French and English segments of this post address the same topic, the content differs slightly to suit the intended readers.]
If you never had the “gender talk” with your translator, chances are your French documents are still biased towards men—i.e., Canadiens, consommateurs and clients, with no mention of Canadiennes, consommatrices and clientes. And this means you are forgetting half the population.
The French language is gendered to an extent that may be hard for native English speaker to fully grasp. However, as society continues to evolve towards greater levels of diversity, more and more French documents are written with an inclusive slant. Just as English speakers have learned to write “chairperson” instead of “chairman”, French is experimenting with various mechanisms to break the “linguistic glass ceiling”—even going as far as inventing a new pronoun equivalent to the singular “they”!
A noticeable difference between the two languages is that while English uses neutrality as a means to be inclusive, French, on the other hand, because of its morphology and history, is mostly concerned with féminisation—i.e., inclusion of the feminine form of nouns (thus the ubiquitous pair Canadiens et Canadiennes). There is no consensus yet on the best way to be inclusive, and the topic of inclusive writing is still surrounded by controversy.
As a language specialist, my approach to inclusive language balances official recommendations from dictionaries and bodies like the Quebec Board of the French Language with the vision and values of my clients. Once in a while, this approach means ignoring standard French usage—though never at the cost of legibility.
If inclusion is an important value for your organization, make sure you have the “gender talk” with your translator—you may want to provide them with this handout as a starting point for your conversation.
* Henriette Zoughebi, dans un entretien avec L’humanité, le 8 mars 2011.
** Michaël Lessard, « Le féminin mérite-t-il d’être entendu », Le Devoir, 10 février 2020.
Photo : Samuel Francis Johnson, Pixabay.
Catégories :gender-inclusive language, rédaction épicène, traduction, translation